Compte rendu du colloque

COLLOQUE DU 30/11/2012
Organisé par le Réseau ADO 66 en partenariat avec le DSAVS, CH de THUIR

ADOLESCENTS VICTIMES DE VIOLENCES SEXUELLES: « QUAND LA PROTECTION PARENTALE DEVIENT TRANSGRESSION FAMILIALE »
Plus de 320 personnes ont pris place dans l’amphithéâtre du Centre Hospitalier de Thuir.
L’ouverture de cette journée d’étude a été réalisée par :
Mr Batailler, Directeur adjoint du CH de Thuir et Trésorier de l’Association Réseau ADO 66,
Mme Marie-laure De Guardia, Présidente de l’Association Réseau ADO 66 et directrice de l’IDEA,
Le Docteur Lacambre, RAVS Languedoc Roussillon

La Présidente du Conseil Général des Pyrénées Orientales ainsi que le Sénateur Bourquin étaient représentés par Mme Marie Dumas (chargée mission au Cabinet de la Présidente du Conseil Général) et Mme Carayol-Froger (attachée parlementaire du Sénateur Bourquin).

La journée a été animée par Sandrine André, coordinatrice du Réseau ADO 66 et Muriel Moussier, coordinatrice du DSAVS.

L’ensemble des établissements et institutions du département accompagnant des adolescents en difficulté étaient présents au travers de leurs dirigeants et professionnels.
Cet événement attendu par les acteurs du département mobilise chaque année de plus en plus de monde.
Les médias ont largement relayé cette manifestation tant pour le travail effectué par le Réseau ADO 66 que pour le thème traité à cette occasion.

En matinée, 2 intervenants de qualité ont abordé la problématique de l’inceste sous divers angles.
Bernard Savin : Psychologue Clinicien au centre de soins et de coordination psycho-légal e Clermont de l’Oise, spécialiste notamment de la thérapie des familles incestueuses et maltraitantes.
Philippe Genuit : Psychologue Clinicien chargé d’enseignement à l’Université de Rennes 2, intervenant également au SMPR de Toulouse

Bernard Savin s’est attaché à préciser le mode de fonctionnement des familles incestueuses caractérisé par :
un niveau fusionnel
un déni de l’altérité
un lien familial abandonnique
Il a résumé la relation intrafamiliale par cette formule : « vivre ensemble nous tue mais nous séparer est mortel » ou encore, « Quand on ne peut se penser en lien (avec un autre membre de la famille que l’on choisit de façon narcissique, en miroir), il faut se sentir en lien. D’où la recherche d’une sensorialité par le toucher qui ne fait pas lien mais qui fait contact.
Ces familles sont « traumatophiles », le traumatisme entretenant ce fonctionnement fusionnel, la maltraitance et l’inceste participant à ce traumatisme.
La plupart du temps, ces familles ont une notion du temps circulaire : tout se répéte tout le temps, sans être en mesure de définir une trajectoire avec un passé, un présent et un avenir.
La thérapie de ces familles incestueuses, selon Bernard Savin, doit intervenir de façon pluridisciplinaire, en réseau.
Le groupe des intervenants fonctionne en miroir au début pour peu à peu fixer un cadre extérieur qui va permettre à ces familles de « penser le lien » entre les membres et reconnaitre l’altérité de chacun.
Philippe Genuit a apporté une réflexion sur la notion d’inceste et sa définition qui a évolué dans le temps en fonction de l’organisation sociale et familiale. L’inceste peut s’effacer, dans certains groupes devant la notion d’initiation sexuelle.
« Les vices entrent dans la composition des vertus comme les poisons entrent dans la composition des remèdes »

L’après-midi a été consacrée d’abord à un exposé à 2 voix.

Dominique Vial- Bondon, avocate au Barreau de Béziers, créatrice et présidente de la Fondation des avocats de l’enfant et Katia Pain, juriste depuis 5 ans à l’association d’Information et d’Aide Aux Victimes.
Cette intervention a porté sur le rappel des procédures judiciaires (de l’accueil de la victime à la plainte et de la plainte au procès et plus particulièrement du parcours judiciaire de l’enfant victime d’infractions ou crimes sexuels intrafamilial.)

Ensuite, dans une formule originale, une table ronde a réuni des professionnels :
Mme Pascale Baux, éducatrice à l’IDEA
Mme Catherine Dalou, responsable de la CRIP
Le Docteur Héléne Donnezan, pédopsychiatre
Mme Sandrine Brillard, chef de service éducatif, MECS de Cerdagne
Mme Muriel Simon, psychologue, MSP de Céret
En vis-à-vis des 4 intervenants de la journée, une présentation de l’expérience des acteurs de terrain, des questions, réflexions et discussions ont porté sur des cas concrets et abordé des problématiques récurrentes amenant les intervenants à réagir et apporter des éclaircissements.

Quelques questions posées :
Que faire en présence de ces dynamiques familiales incestuelles discrètes mais prégnantes à nos yeux ?
Où commencent les violences sexuelles ?
Quelle prise en charge « idéale » de l’enfant victime ?
Quels accompagnements éducatif, judiciaire, psychologique ?
Quelle approche de la famille ?
Que porte l’enfant ? (honte, culpabilité…)
Que pensez-vous du placement à domicile dans le cadre de violences sexuelles intra-familiales ?
Quel recul avez-vous sur cet outils ?
Quels garde-fous sont mis en place ?
Comment amener les enfants victimes d’inceste à se représenter cet interdit alors que la famille le méconnaît, voire l’occulte ?
Comment travailler avec le jeune accueilli alors que l’enquête est en cours ?
Réparation et reconnaissance de la victime par le symbolique ? Que faire ? Quels dispositifs pour ces adultes ?

On retiendra principalement les conseils et avis donnés par les intervenants :
Le travail en réseau est indispensable pour garder une distance et favoriser une prise en charge globale
Le recours à la « judiciarisation » est indispensable pour la reconstruction de la victime mais aussi pour celle de l’auteur. En effet, il est important que la loi et la parole sociétale soient posées afin de permettre une reconnaissance du statut de victime pour les premiers et d’enrayer un mécanisme de répétition pour le second par la prise de conscience de l’interdit ; la symbolique du procès doit avoir notamment cette utilité.
L’avocat de l’enfant victime peut être le lien avec les différents intervenants, sans trahir le secret de l’instruction. Il peut apporter des précisions sur les actes de procédures et les délais.
Quand la Justice ne peut plus intervenir pour cause de prescription, l’écoute et l’accompagnement d’une institution demeurent fondamentaux pour les victimes.

La réflexion proposée dans le cadre de ce colloque par les dimensions conceptuelles et opérationnelles, apportées par les divers intervenants et les questions du public s’est prolongée bien après la fin des travaux, le public de professionnels ayant manifestement du mal à se quitter en cette fin de journée.

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